Du Moyen Âge à aujourd’hui, la riche, et longue, histoire de Châteaulin transparaît dans les nombreux édifices patrimoniaux présents sur la commune. Vieux-Bourg, viaduc, halles, lavoirs… Découvrez les richesses patrimoniales châteaulinoises.
Le Vieux-Bourg
Le premier bourg de Châteaulin aujourd’hui appelé Vieux-Bourg, s’est établi sur la rive gauche de l’Aulne. Il se situait au voisinage du château fort construit au 11e siècle par les Comtes de Cornouaille sur la motte qu’enserraient l’Aulne au Sud et des étangs au Nord. Pour favoriser le développement du bourg, les Ducs de Bretagne autorisèrent les serfs qui fuyaient les terres du vicomte de Léon à se réfugier dans le château où, après un séjour d’un an et un jour, ils devenaient libres.
On sait peu de choses sur l’histoire du Vieux-Bourg, si ce n’est que la route menant à Douarnenez traversait autrefois ce village. C’est d’ailleurs cette ancienne route qui porte aujourd’hui le nom de « hent ar maro », chemin de la mort. De Prat-Aval, le chemin longe le « mur du diable » jusqu’à la ferme du Vieux-Bourg. Au dire des anciens, une belette ne peut jamais passer sur un « hent ar maro » sous peine de mourir peu de temps après.
En 1980, le Centre d’Aide par le Travail de l’association les Genêts d’Or achète le corps de ferme du Vieux-Bourg et ses dépendances sur une vingtaine d’hectares. Devenue depuis un E.S.A.T. (Établissement de Service d’Accompagnement par le Travail), l’association œuvre toujours à l’intégration sociale et professionnelle des personnes handicapées. L’établissement propose des services de location de salles, hébergement, restauration… Le Vieux-Bourg domine une partie de la vallée de l’Aulne et offre un magnifique panorama. Une maison datant de 1789, et qui porte le nom de ty-tourel fait le charme de ce joli hameau, départ de promenades pédestres.
Le donjon en ruine
Vers l’an 1000, les premiers châteaux de Basse-Bretagne sortent de l’ombre. Érigée au bord de l’Aulne par Budic, comte de Cornouaille, la forteresse de Châteaulin connaît son âge d’or au temps des conflits féodaux : point fort militaire, lieu d’asile pour les serfs en quête d’un nouveau seigneur, centre d’une vaste seigneurie et résidence du duc et de ses officiers, la place et son bourg castral remplissent les fonctions d’un chef-lieu de châtellenie.
Au 15e siècle, l’éloignement du pouvoir et les changements géopolitiques ont réduit l’importance du site castral, réaffecté en hôpital deux siècles plus tard. Il reste aujourd’hui peu de vestiges de ce château, excepté des murs et le donjon qui se trouve sur la propriété de l’Ehpad des Collines bleues (propriété privée).
Le viaduc
Le viaduc de Châteaulin est un ouvrage d’art remarquable, long de 165 mètres, il s’agit d’un pont curviligne, comportant onze arches de maçonnerie. Les matériaux utilisés sont le kersanton pour les pierres de taille du parapet et le leucogranite porphyroïde pour les moellons.
Il a été construit en 1906 sous la direction d’Eugène Sanson, ingénieur des Ponts-et-chaussées. La construction nécessita de gros moyens pour l’époque. Ce pont courbe permettait de relier la gare Châteaulin-ville (gare du Réseau Breton, réseau à voie métrique) à la gare Châteaulin-embranchement en franchissant l’Aulne. Les convois furent nombreux à emprunter ce pont, jusqu’au démantèlement du Réseau Breton en 1967.
Le viaduc est aujourd’hui un pont routier à voie unique, offrant une vue dégagée sur la ville et l’Aulne canalisée.
Le pont Jean-Marie de Silguy
Le pont habité de Châteaulin aurait été construit par les moines de Landévennec au 13e siècle. Le pont en mauvais état est partiellement détruit lors d’une crue en 1821. Lors des travaux de canalisation de l’Aulne, Jean-Marie de Silguy, l’ingénieur des ponts-et-chaussées, dresse les plans d’un nouveau pont.
Large de 8 mètres, le nouveau pont comprend 3 arches et s’élève quelques mètres en amont de l’emplacement de l’ancien pont. Mis en service en 1824, l’ouvrage connait au fil du temps des modifications pour s’adapter aux nouveaux moyens de transport.
Lors de leur départ de Châteaulin en août 1944, les Allemands minent le pont, point stratégique entre Brest et Quimper et permettant l’accès à la presqu’île de Crozon. Le 10 août 1944, au péril de leur vie, un groupe d’hommes déminent le pont.
La mairie
Avant 1789, le corps politique se rassemble dans la sacristie de l’église Saint-Idunet. Pendant longtemps, la mairie reste ambulante. En 1835, la ville fait l’acquisition d’une maison sur l’actuel quai Cosmao et après quelques réparations, on y installe la mairie, la justice de paix, le logement du personnel et l’école.
En 1910, la décision de construire une nouvelle mairie est prise. L’ancienne est alors délabrée et le conseil municipal souhaite avoir un Hôtel de Ville digne d’un chef-lieu d’arrondissement. Un concours est organisé et Charles Chaussepied, architecte à Quimper, est sélectionné avec son projet Ty-Kear Ty-Kaer. En 1912, les travaux commencent mais la Première guerre mondiale éclate, les travaux prennent du retard…
Le nouveau bâtiment est inauguré le 22 mars 1925. Il est construit à l’emplacement de la halle au blé, dont une partie est conservée, en même temps que le service d’adduction d’eau potable, sous la présidence de Monsieur Dumesnil, ministre de la Marine.
Les halles de Châteaulin
Avec la construction du canal de Nantes à Brest, le commerce châteaulinois prend de l’importance et les élus locaux décident la construction d’une halle au blé et d’un marché couvert.
C’est l’architecte Jules Boyer qui en dresse les plans en 1864. Les deux bâtiments sont achevés et inaugurés en 1867. La halle au blé est construite près du Champ de bataille sur le quai de Nantes (actuelle Place de la Résistance, quai Jean Moulin), tandis que le marché couvert est construit sur la Place du marché.
Le tribunal de Châteaulin
Le tribunal de Châteaulin est construit en 1821-1822 sur les plans de Jean-Marie de Silguy, ingénieur des ponts-et-chaussées, qui dirigea les travaux de construction du canal de Nantes à Brest dans le Finistère.
Il est édifié à l’emplacement de l’ancien auditoire de la Sénéchaussée royale, près de l’église. La prison, accolée au tribunal, est fermée le 30 mai 1934.
Les réformes relatives à l’organisation de la justice en France ont fait craindre, à plusieurs reprises, la suppression du tribunal de première instance, suppression effective de 1926 à 1930. La réforme de la carte judiciaire de 2008 conduit à la suppression du tribunal d’instance, qui avait remplaçé en 1959 le tribunal de première instance et la justice de paix.
Les gares des Châteaulin
La gare de Châteaulin-embranchement
La loi du 2 mai 1855 pour un « Chemin de fer de Nantes à Châteaulin, avec embranchement sur Napoléonville (Pontivy) », précise que l’État s’engage à verser une subvention de 25 millions de francs pour la réalisation de ce chemin de fer. En 1859, la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans (P.O.) commence les travaux de la ligne Nantes-Châteaulin. En 1863, la ligne atteint Quimper et le 12 décembre 1864, la section à voie unique entre Quimper et Châteaulin est achevée.
La gare d’Orléans, appelée depuis Châteaulin-Embranchement, fut tête de ligne pendant trois ans. À partir de 1907, Châteaulin-embranchement devient gare de correspondance avec le Réseau Breton (réseau secondaire) puisque la gare se trouvait également sur la ligne de Carhaix à Camaret-sur-Mer, réseau ferroviaire à voie métrique, aujourd’hui démantelé.
C’est dans la gare de Châteaulin-embranchement que s’effectuaient les transbordements entre le réseau normal et le Réseau Breton. Le bâtiment des voyageurs est construit suivant le modèle habituel de la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans pour le Sud Bretagne. Il est composé d’un corps central à étage entouré de deux petites ailes en rez-de-chaussée. Le soubassement est en leucogranite, la construction utilise une alternance de lignes rouges en brique, et blanches en tuffeau.
La gare de Châteaulin-Ville
La gare de « Châteaulin-ville » connue sous l’appellation de Petite Gare est l’une des nombreuses gares du Réseau Breton, réseau à voie métrique, qui sillonnait la Bretagne intérieure.
Les bâtiments ont été construits dans le style de la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest avec notamment la halle à marchandises accolée au bâtiment voyageurs. La gare de « Châteaulin-ville » faisait exception à cette règle en raison de l’étroitesse de la zone qui ne pouvait accueillir une troisième voie pour les marchandises. C’est la raison pour laquelle, la halle n’est pas accolée au bâtiment « voyageurs ». En 2000, la Petite Gare est devenue la Maison du vélo, siège des associations gravitant autour du cyclisme.
Les lavoirs
Avant la création de la machine à laver en 1936 et sa commercialisation dans les années 1950, le lavoir est un lieu de rencontre réservé aux femmes. On appelle « lavoir » tout lieu où l’on effectue le nettoyage du linge. Ce pouvait être un gué, les rives d’une rivière ou encore les bords d’un étang.
À Châteaulin, les femmes lavent le linge le long des berges de l’Aulne ou sur les cales du canal. Pour faciliter la tâche des ménagères, des lavoirs municipaux voient peu à peu le jour. Le plus connu de Châteaulin est le bateau-lavoir, ponton amarré au niveau du quai Alba. Construit en 1908, il fut utilisé jusqu’à sa démolition en 1975.
Dans le jardin de Lentoc’h, les lavoirs couverts de la rue Notre-Dame et celui de l’abattoir (rue des trois frères Blaise) témoignent de cette époque révolue et pourtant pas si lointaine.