Le passage du pont
Il ne faut pas faire passer deux fois le cercueil d’un mort sur un pont ; sinon le pont croulera. C’est ainsi qu’à Châteaulin, où l’église est située sur la rive droite du canal et le cimetière sur la rive gauche, quand quelqu’un meurt sur cette rive gauche, plutôt que de faire franchir deux fois le pont, on célèbre le service d’enterrement, non dans l’église paroissiale, mais dans la chapelle votive qui lui fait face sur l’autre berge, et qui est connue sous le vocable du “ Vieux-Bourg ”.
La légende du mur du diable
Vers 1250, le duc Jean Le Roux entoure les terres du domaine ducal de Châteaulin d’un mur long de 32 km qui traversait les campagnes de Cast, Briec, Lothey et Châteaulin. Il en reste encore quelques tronçons. La légende veut que ce soit le diable qui l’ait construit en une nuit d’où la désignation populaire de « mur du diable ».
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1778, le crime de Prat-Guivarc’h
A Prat-Guivarc’h, sur la route de Quimper à Brest à l’entrée de Châteaulin, il y avait un relais de chevaux qui servait probablement aussi d’auberge les jours de foire. Une nuit de l’année 1778, des marchands de vaches qui étaient logés dans la maison, assassinèrent l’aubergiste et sa femme pour les voler. La bonne, blême de peur, réussi à se sauver à travers les barreaux de la fenêtre avec les deux jeunes enfants. Elle traversa la rivière dont les eaux étaient sans doute basses à cette époque et s’en fut donner l’alerte à la ville. Surpris plus rapidement qu’ils ne pensaient, les voleurs furent pris et conduits à Quimper. Par jugement prévôtal, ils furent condamnés « à être pendus et étranglés jusqu'à ce que mort s’en suive à une potence qui serait pour cet effet, dressé au lieu ordinaire de la ville, après quoi leurs corps seraient exposés sur le lieu de leur crime ». Ainsi procédait-on habituellement. Toujours est-il que leurs cadavres, se balancèrent aux plus hautes branches des vieux arbres qui bordaient à cet endroit la route de Quimper à Brest près du relais de Prat-Guivarc’h. Cependant cette route était suivie tous les jours par les femmes qui descendaient de Coat-Fao à Châteaulin, portant leur pot de lait bien droit sur la tête, suivant la coutume du pays. Elles protestèrent bientôt contre le spectacle qu’on leur imposait de ces cadavres qui se balançaient lugubrement au moindre souffle de vent ; et finalement cessèrent de descendre en ville prétextant « que des gouttes tombaient dans leurs terrines empoisonnant leur lait dont se plaignait fortement leur clientèle. Il fallut alors dépendre les corps afin que les habitants de la ville de Châteaulin ne fussent pas privés du lait des fermes de Coat-Fao ! (raconté par Monsieur B... de Prat-Guivarc’h, 1944)
LES CHEMINS DE LA MORT... ou HENT AR MARO
Chemin de la mort de Parc-Bian
Il existe à Châteaulin plusieurs “ Hent ar maro ”. De Parc-Bian l’un de ces sentiers passe derrière la Plaine pour rejoindre l’église paroissiale de St Idunet. Dans ce chemin de la mort vient se poster, dit-on, à la nuit tombante, un revenant. C’est un ancien voleur qui dut probablement habiter autrefois cette partie de la trêve de St Idunet (ainsi s’expliquerait sa présence dans ce sentier). Il tient dans la main une bourse pleine de pièces d’or qu’il avait volé de son vivant. A tous ceux qui passent la nuit, par ce sentier il tend le sac d’écus. Malheur pourtant à celui qui s’en emparerait ; car à sa mort, il serait condamné à prendre la place du voleur jusqu'à ce qu’une autre personne s’étant emparée, à son tour, du trésor, ne vienne ensuite le relayer.
Chemin de la mort du Vieux-Bourg
Un autre “ Hent ar maro ” passe par le Vieux Bourg pour rejoindre l’église Notre-Dame. De Prataval; il longe le “ mur du diable ” jusqu'à la ferme du Vieux Bourg. Au dire des vieux, une belette ne peut jamais passer sur un “ hent ar maro ”. Si elle traversait ce chemin, elle devra mourir sûrement peu de temps après. Un soir vers 1850, le vieux père Centur revenait des champs “ de la montagne du vieux bourg ” et passait avec sa charrette par ce chemin des morts quand, tout à coup, son cheval s’arrêta net et malgré ses menaces, les coups de fouet qui lui étaient prodigués refusa absolument d’avancer. Devant cette obstination pour le moins extraordinaire de la bête le vieux père Centur pressentit quelque chose d’anormal. Il s’avança devant son cheval et aperçu là, à quelques mètres devant lui, un grand drap, sorte de suaire au-dessus duquel brillait la flamme d’un cierge. Pensant aussitôt qu’une âme trépassée réclamait par ce moyen le secours de prières, il récita un “ De profundis ” et aussitôt la funèbre vision du drap mortuaire et du cierge s ‘évanouit et l’attelage put poursuivre normalement son chemin jusqu'à la ferme.